Aux portes d'Orange, en position sommitale face au mont Ventoux, une imposante maison de village, ses deux tours et son jardin suspendu. Flanqué au nord et au sud de deux tours carrées portant girouettes-fanions, sur toit en croupe à quatre pans de tuiles romaines anciennes, l'édifice se divise en plusieurs sections. Les tours sont desservies par un escalier intérieur en vis datant du 14e s. et par un escalier du 18e s. en tomettes traditionnelles de facture séculaire. Une partie de l'existant a probablement été construite au 14e s., sur la ruine d'un castrum-castellum érigé antérieurement par l'un des premiers princes d'Orange-Nassau. Au gré de ses propriétaires successifs, son aspect s'est très sensiblement modifié ; il conserve aujourd'hui des traces de toutes ces occupations. Réaménagé en 1763 après un effondrement partiel, puis en 1850 pour le 'moderniser', et enfin dans les années 1970, il a connu une multiplicité d'interventions qui, aujourd'hui, n'aident ni à la lisibilité des accès originaux ni à celle de l'affectation première des volumes. La façade sud, donnant sur la rue, ne présente aucun caractère spectaculaire et cultive volontairement une sobriété certaine. Une vierge d'angle posée au 17e s. et une solide porte en chêne sculptée en pointe de diamant datant de la fin du 18e s. viennent à peine en égayer l'austérité, soulignée par un anonyme crépi ocre qui masque un appareil beaucoup plus ancien. SI l'on en croit une légende locale, la maison aurait eu comme occupant le troubadour Raimbaut d'Orange (1140-1173), le plus ancien des troubadours de Provence, qui y aurait fondé ses 'cours d'amour' et y serait décédé à l'âge de 33 ans. Le signe du 'coeur en feu', signe de la passion sculpté dans la pierre, les ferronneries, la vitrerie, aussi bien que la frise en lyre de l'accès principal, portent témoignage de cette occupation aussi poétique qu'hypothétique. Enclos dans ces murs protecteurs, garants d'un calme absolu, le jardin suspendu au-dessus du patio et des terrasses conserve une atmosphère éthérée. À l'écart, enfin, un jardin potager se cache à l'abri d'une grange.