Exclusivité
À 40 km de Paris, une villa emblématique de l'architecte Mallet-Stevens, sa maison de gardien et son parc de plus de 5 ha. Une route qui serpente sur la colline conduit à la propriété. À gauche du portail d'entrée, se dresse une maison de gardien, tandis qu'une allée bordée de murets blancs mène directement à l'habitation principale, située en amont. La « villa Poiret », également connue sous le nom de « château de Mézy », fut commanditée par le couturier Paul Poiret, précurseur en son temps des arts de la mode, à l'architecte Robert Mallet-Stevens au début des années 1920, alors que celui-ci était encore méconnu. C'est sa recherche en tant que décorateur des films de Marcel L'Herbier qui a fondé sa future architecture. Cinq ans après la fin de la Première Guerre mondiale, Mallet-Stevens, alors âgé de trente-sept ans, n'a encore réalisé aucun de ses projets. En effet, la villa Noailles à Hyères, sur la côte varoise, dont l'étude et la réalisation lui sont confiées par Charles et Marie-Laure de Noailles, aristocrates fortunés et mécènes de renom, ne sera achevée qu'en 1925. La villa Cavrois, située quant à elle à Croix, dans le nord, commande de Paul Cavrois, riche industriel roubaisien du textile, sera inaugurée en 1932. La villa Poiret est donc l'une des trois résidences d'importance réalisées en France par Mallet-Stevens, chacune classée ou inscrite MH, et la seule à être restée aux mains d'un propriétaire privé. Robert Mallet-Stevens proposa à Paul Poiret, dans un cadre naturel, légèrement à l'écart du village, une maison dominant la vallée de la Seine et éclatante de blancheur, marquée par un jeu habile de lignes horizontales et verticales où règnent la lumière et les transparences. Nourri de l'épopée cubiste, Mallet-Stevens combine les volumes - cube et cylindre -, les grands espaces, les terrasses, les immenses baies vitrées et les matières : béton armé, verre et métal, notamment. Le chantier, débuté en 1922, fut stoppé faute de moyens en 1923, alors que seul le gros oeuvre était terminé. Après la faillite de la maison de couture de Paul Poiret en 1926, l'édifice demeura à l'abandon pendant plusieurs années, avant d'être racheté par l'actrice roumaine Elvire Popesco en 1934. Cette dernière s'adressa de nouveau à Mallet-Stevens pour achever la construction et en conforter l'usage domestique, ce qu'il ne put réaliser, ayant dû se réfugier en 1939 avec son épouse dans le sud-ouest de la France après la déclaration de guerre. C'est donc à un autre architecte, Paul Boyer, que fut confiée après la guerre la mission d'achever les travaux. Quelques modifications lui donnent alors une allure de navire, rappelant la mode des transatlantiques de l'époque. L'essentiel du dessin de Mallet-Stevens est cependant conservé. La comédienne Popesco l'habitera jusqu'en 1985. L'édifice fait aujourd'hui figure de château des temps modernes. Laissée à l'abandon durant une quinzaine d'années, la propriété fut rachetée en 1999 par un industriel amateur et collectionneur d'art contemporain. Il la revendit en 2006 à un occupant qui sut mener à bien une restauration en utilisant les plans établis pour Elvire Popesco.